Section 2 | Comment lire l’étiquette d’un médicament pour le bétail

Médicaments pour le bétail
Page 11 /

Périodes de retrait et tests de dépistage de résidus

Qu’est-ce qu’une période de retrait?

La période de retrait est le délai recommandé entre la dernière administration de médicament et l’abattage de l’animal ou la vente du lait, des œufs ou du miel. Cela représente le temps nécessaire à ce que les résidus de médicament aient diminué dans l’organisme de l’animal jusqu’à un seuil sécuritaire permettant que les aliments produits par l’animal traité puissent être consommés.

 

Les périodes de retrait figurant sur l’étiquette s’appliquent seulement si le médicament est administré :

  • à la dose figurant sur l’étiquette;
  • par la voie recommandée;
  • chez les espèces animales figurant sur l’étiquette;
  • pendant le nombre recommandé de traitements.

 

Les périodes de retrait figurant sur l’étiquette ne s’appliquent pas si le médicament est administré:

  • en dérogation de l’étiquette*
    • à une dose différente;
    • par une autre voie d’administration;
    • sur une espèce différente;
    • à une autre fréquence;
  • en association avec d’autres médicaments ou d’autres voies d’administration;
  • chez un animal gravement malade.

 

* Lorsque le médicament est prescrit en dérogation de l’étiquette, le vétérinaire a la responsabilité de déterminer une période de retrait suffisante pour éviter la présence de résidus prohibés.

 

Comment la période de retrait est-elle calculée?

Pour déterminer la période de retrait, la société pharmaceutique fait appel à des données sur le métabolisme du médicament chez des espèces précises. Le médicament est administré à des points d’abattage ou de collecte progressivement plus longs après quoi les tissus ou les liquides sont analysés pour déterminer si des résidus sont présents. La période de retrait est établie au moment à partir duquel les résidus de médicament présents dans les tissus ou les liquides analysés sont bien inférieurs aux limites fixées.

Les périodes de retrait ne sont pas les mêmes pour tous les animaux!

Chez certains animaux, il faut plus de temps avant que les résidus ne soient éliminés des tissus ou des liquides. Cela est particulièrement important chez les animaux malades pour lesquels il faudra plus de temps pour éliminer toute trace du médicament. Pour de nombreux animaux, il peut s’avérer difficile de confirmer l’absence de résidus sans procéder à des examens effractifs; chez les vaches laitières, le lait peut être analysé afin de confirmer l’absence de résidus de médicament.

 

Calcul de la période de retrait

La période de retrait peut être exprimée en heures ou en jours. Un retrait d’une journée complète signifie 24 heures après le moment du traitement.

Voici un exemple d’une période de retrait de 5 jours :

  • un médicament est administré à 6h un vendredi matin; il devrait être éliminé du système de l’animal le mercredi suivant à 6h du matin.

Voici un exemple d’une période de retrait de 48 heures :

  • un médicament est administré à 10h un lundi matin; il devrait être éliminé du système de l’animal le mercredi suivant à 10h du matin.

 

Tests de dépistage des résidus

Les programmes de surveillance de la salubrité des aliments font appel à des analyses de dépistage des résidus de médicament chez des animaux ou des carcasses d’apparence normale à l’abattage, ainsi que chez des animaux ou des carcasses présumés avoir des résidus. Un inspecteur peut décider de faire analyser la viande pour y déceler des résidus de médicament en cas de signes de maladie chez les animaux vivants ou d’anomalies des carcasses (par ex., abcès ou signes de pneumonie ou de mammite).

Certaines catégories d’animaux peuvent être ciblées davantage en raison de leurs antécédents en matière de résidus. C’est le cas notamment des veaux de lait et des porcs à barbecue.

 

Quels échantillons sont analysés?

Les reins et les muscles sont les tissus le plus souvent testés. Les médicaments sont souvent éliminés par les reins et plusieurs antibiotiques s’y retrouvent. L’échantillonnage permet d’estimer les concentrations dans tous les autres organes internes que les humains peuvent consomment, comme le foie et le cœur. Les tissus musculaires le plus souvent analysés sont prélevés du diaphragme, le muscle interne qui aide l’animal à respirer. Si on trouve des résidus dans ces tissus, il est probable qu’on trouvera des résidus dans tous les autres muscles squelettiques de consommation courante.

 

Tests de dépistage des résidus : une approche en deux étapes

Le dépistage de résidus dans les produits animaux se fait en deux étapes :

  1. le test primaire révèle s’il y a présence de substances médicamenteuses dans l’échantillon et permet de savoir lesquelles, sans toutefois préciser les quantités en cause;
  2. le test secondaire confirme les résultats du premier test, en plus de préciser l’identité du médicament et la quantité de résidus présents dans le liquide ou le tissu analysé. En comparant les résultats à la norme, on peut évaluer si la concentration de résidus est plus élevée ou non que le seuil sécuritaire établi pour la consommation humaine.

Source : D’après Swine Medicines Manual. 2000. Swine Medicines Course. 1ère édition. Commissions ontarienne de commercialisation du porc. Guelph, Ontario, Canada.

Le test de dépistage primaire

Idéalement, le test de dépistage primaire a les caractéristiques suivantes :

  • relativement bon marché;
  • permet de déceler le plus vaste éventail de résidus de médicament;
    • très sensible – cela signifie qu’il pourrait générer des faux positifs.
  • simple à exécuter; et
  • fournit des résultats rapidement.

Les tests de dépistage positifs sont considérés comme ‘suspects’ et déclenchent la tenue d’analyses additionnelles (test secondaire).

 

Le test de dépistage secondaire

Ce test est plus précis, nécessite plus de main-d’œuvre et est plus coûteux que le test de dépistage primaire.

Il est exécuté sur les échantillons considérés comme suspects après le dépistage primaire et possède les caractéristiques suivantes :

  • permet d’identifier les vrais positifs au sein des échantillons suspects;
  • prend habituellement plus de temps à exécuter que le test de dépistage primaire; et
  • sert à rendre une décision finale à savoir si une partie ou une autre de la carcasse est propre à la consommation humaine.

 

Éléments clés pour éviter les résidus de médicament

Voici ce qu’il faut faire pour maximiser les chances d’éviter les résidus de médicament :

  • suivre les directives du vétérinaire;
  • être très attentif lors du calcul des doses;
    • veiller à suivre très exactement les directives figurant sur l’étiquette;
  • en cas d’utilisation en dérogation de l’étiquette, veiller à suivre les directives du vétérinaire au sujet de la période de retrait (si l’animal est destiné à un abattoir inspecté par le gouvernement fédéral, l’éleveur doit soumettre l’ordonnance du vétérinaire et la recommandation du CgFARAD pour la période de retrait);
  • calculer soigneusement la période de retrait et l’observer scrupuleusement;
    • dans le doute, allonger la période de retrait; il peut falloir plus de temps à un animal malade d’éliminer le médicament; même si l’animal est jugé propre à l’abattage après un traitement, il peut encore présenter des résidus;
  • avoir un moyen d’identifier visuellement un animal qui a été traité;
    • avoir plusieurs moyens d’identification d’animal traité;
  • tenir des dossiers précis quant à la date d’échéance de la période de retrait pour chaque animal ou pour chaque groupe d’animaux traités;
  • veiller à ce que tout le personnel de la ferme comprennent clairement l’importance d’éviter la présence de résidus et les systèmes en place à la ferme conçus pour veiller à ce que les animaux traités et les produits provenant de ces animaux n’atteignent pas la chaîne alimentaire humaine avant l’échéance de la période de retrait;
  • dans la mesure du possible, analyser régulièrement les produits animaux (par ex., le lait) afin de s’assurer que les résidus de médicament ont été entièrement éliminés du système de l’animal traité;
  • éviter le contact avec les animaux nourris de rations médicamentées et avec le fumier ou l’urine d’animaux nourris de rations médicamentées;
  • ne pas utiliser le lait de vaches traitées aux antimicrobiens pour nourrir les veaux.