Dans le cadre des programmes de gouvernance des antimicrobiens, de nombreux pays, notamment en Europe, ont commencé à surveiller de près l’utilisation des antimicrobiens. Certains pays ont commencé à utiliser ces données nationales pour fournir des repères aux exploitations agricoles et aux vétérinaires quant au volume d’antimicrobiens qu’ils utilisent. Pour que ces systèmes fonctionnent, il faut une supervision gouvernementale serrée et ils dépendent souvent de la faible étendue géographique des pays en cause ainsi que de la taille des industries.
Vous trouverez ci-dessous deux exemples de systèmes d’analyse comparative qui ont été utilisés avec succès :
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Pays-Bas
En raison de l’émergence de bactéries antibiorésistantes dans le bétail, en 2008, le gouvernement néerlandais a fixé d’ambitieux objectifs de réduction de l’utilisation des antimicrobiens. Pour atteindre ces objectifs, des seuils repères pour l’utilisation d’antimicrobiens dans les exploitations ont été introduits en 2009. Les exploitations qui se situaient au-dessus du 50e percentile d’utilisation d’antimicrobiens ont été désignées ‘grandes utilisatrices’ tandis que celles qui se situaient au-dessus du 75e percentile ont été placées dans la catégorie ‘intervention nécessaire’. Les fermes se trouvant dans la catégorie ‘intervention nécessaire’ sont obligées de modifier leurs pratiques de gestion afin de réduire leur niveau d’utilisation d’antimicrobiens. Une analyse comparative a également été menée auprès des vétérinaires, qui ont ensuite été classés dans les mêmes catégories que les producteurs en fonction de leurs habitudes de prescription.
Vous trouverez ci-dessous un exemple de système5 de repères pour les médecins vétérinaires, où ceux qui sont surlignés en vert atteignent l’objectif, et ceux en jaune sont des vétérinaires qui se situent dans la fourchette modérée. Ceux qui sont en rouge doivent prendre des mesures pour réduire leur niveau d’utilisation.
Grâce à la mise en œuvre de ce système et à d’autres mesures, les Pays-Bas ont réussi à réduire de 56 % l’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux d’élevage entre 2007 et 20124. En outre, on a observé une importante diminution de l’utilisation d’antimicrobiens d’importance critique comme les céphalosporines de 3e et 4e génération et les fluoroquinolones. La figure ci-dessous illustre l’évolution de l’utilisation totale des antimicrobiens et des différentes classes d’antimicrobiens aux Pays-Bas entre 1999 et 2012.
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Danemark
Le Danemark utilise un système similaire à celui des Pays-Bas, avec l’attribution d’un « carton jaune » aux producteurs utilisant une quantité élevée d’antimicrobiens par animal. Les seuils d’utilisation sont dynamiques. Les producteurs dont les troupeaux se situent au-dessus du 80e percentile reçoivent un carton jaune. Une fois le carton jaune attribué, l’ordre est donné de réduire l’utilisation des antimicrobiens en dessous du seuil dans un délai de 9 mois. Si l’objectif n’est pas atteint, une stratégie de réduction est définie par un vétérinaire de seconde partie, qui peut inclure la modification des protocoles de vaccination ou de traitement, ainsi que d’autres changements de gestion.
Si on examine le cas de l’industrie porcine danoise, l’utilisation de l’analyse comparative ou du système de « carte jaune » a été très fructueuse, menant à une réduction soutenue de l’utilisation des antimicrobiens de 2010 à 2017, en particulier dans les troupeaux à forte consommation d’antimicrobiens6. Cependant, malgré le succès de la réduction de l’utilisation des antimicrobiens, ce programme a augmenté les frais d’exploitation des producteurs. Ils doivent investir plus d’heures de travail, absorber des coûts supplémentaires pour la biosécurité et augmenter les dépenses en services vétérinaires et en aliments pour animaux7. Pour que ces programmes soient une réussite pour toutes les parties prenantes, ils doivent combiner la réduction de l’utilisation des antimicrobiens et les considérations économiques.