La biosécurité dans l’industrie du veau
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Examiner Salmonella Dublin
En raison de l’augmentation des bactéries antibiorésistantes, il est essentiel de mettre en œuvre des pratiques de biosécurité pour empêcher l’introduction des agents pathogènes et leur cycle de vie, et pour maîtriser les épidémies. Cependant, les renseignements provenant du secteur européen de la viande de veau laissent entendre que les mesures de biosécurité mises de l’avant dans les élevages de veau de boucherie ne seraient pas respectées avec la même rigueur que d’autres industries.
Introduction
Plus précisément, une étude menée en Belgique a révélé les points suivants1 :
- En moyenne, 124 veaux provenaient de 100 établissements d’origine différents.
- On utilise rarement des vêtements d’usage réservé à une seule ferme, surtout dans le cas des conseillers.
- Seulement 55 % des fermes procédaient au nettoyage et à la désinfection après chaque cycle de production.
Certains facteurs de biosécurité ont été associés à l’utilisation d’antimicrobiens dans les élevages de veaux. Plus précisément, les fermes accueillant un plus grand nombre de veaux, logés en plus grand nombre par enclos, sans quarantaine à l’arrivée et partageant l’atmosphère avec différents groupes affichaient une plus grande utilisation d’antimicrobiens6. Une autre caractéristique des élevages de veaux est le degré élevé de mélange entre les veaux provenant de différents endroits, ce qui permet aux veaux infectés de propager rapidement la maladie dans toute l’exploitation où ils sont élevés. Pour cette raison, les mesures de biosécurité interne sont indispensables pour le succès d’une ferme d’élevage de veaux, et des programmes de biosécurité complets peuvent profiter à l’industrie du veau en améliorant la prévention des maladies.
Cette revue GAMAE mettra en évidence les composantes d’un programme de biosécurité réussi dans un élevage de veaux en prenant Salmonella Dublin comme exemple.
Qu’est-ce que Salmonella Dublin?
Salmonella Dublin est une bactérie qui peut infecter le bétail et qui est résistante à de nombreux antimicrobiens actuellement disponibles. Il s’agit d’un agent pathogène zoonotique, ce qui signifie que les humains, ainsi que les animaux, peuvent être infectés. Salmonella Dublin est une maladie émergente en Ontario et au Canada; cependant, on ne connaît pas l’étendue de l’infection dans les industries du veau et du lait.
Salmonella Dublin fait d’abord son apparition dans des élevages de veaux en provoquant une maladie respiratoire qui ne répond pas au traitement antimicrobien, ou la mort subite de veaux sans autres symptômes2. Des signes cliniques apparaissent d’abord chez quelques sujets avant de finalement se propager à des groupes entiers de veaux, causant une très forte mortalité. Salmonella Dublin entraîne souvent des signes cliniques chez les veaux âgés de 2 à 12 semaines, mais la maladie peut apparaître chez des veaux âgés jusqu’à 6 mois. Le risque de mortalité dans les élevages de veaux qui ont été infectés par Salmonella Dublin est plus élevé que dans les élevages non infectés, même après la fin d’une flambée initiale3. Salmonella Dublin a de graves conséquences car la bactérie est résistante à de nombreux antimicrobiens et peut toucher la santé tant humaine qu’animale.
La mise en œuvre de rigoureuses mesures de biosécurité peut atténuer le risque d’introduction et de propagation de ces bactéries à la ferme.
La biosécurité et Salmonella Dublin
L’introduction de Salmonella Dublin dans un troupeau de veaux se fait à partir d’animaux infectés, qui peuvent sembler en bonne santé au départ, mais qui excrètent la bactérie en grande quantité dans leurs fèces. La principale voie de transmission de cette maladie est la voie fécale-orale; les animaux sensibles ingèrent en effet des excréments, des aliments ou de l’eau qui ont été contaminés par le fumier d’un animal infecté. Dans certains cas, Salmonella Dublin peut se propager par voie aérienne dans des étables à forte densité de bétail, mal ventilées, ou lorsque le fumier est aérosolisé par un lavage sous pression2.
Une combinaison de mesures de biosécurité externes et internes atténuera le risque de Salmonella Dublin dans votre exploitation.
La biosécurité externe
Introduction d’animaux
En raison de la nature de l’industrie du veau, où les veaux de plusieurs fermes laitières sont rassemblés en un seul lieu, il n’est pas possible de maintenir un troupeau fermé. Des maladies sont potentiellement introduites avec chaque nouvel arrivage de veaux, ce qui représente un défi majeur et souligne l’importance des mesures de biosécurité internes. L’achat de veaux provenant d’un nombre limité de fermes ou de fermes ayant un bon statut sanitaire pourrait réduire le risque d’introduction de Salmonella Dublin à la ferme.
Les gens
Même une petite dose de Salmonella Dublin peut infecter un veau. Par conséquent, en veillant à ce que tous les visiteurs de votre ferme portent des combinaisons et des bottes propres, vous réduisez le risque que du fumier contaminé ne pénètre dans la propriété et introduise la maladie chez vos veaux.
Les véhicules et l’équipement
Les remorques à bétail peuvent introduire Salmonella Dublin dans une installation par le biais de la contamination par le fumier de bovins plus âgés. Lors du transport de jeunes veaux sensibles, les remorques doivent être nettoyées et désinfectées pour éviter toute infection.
Étant donné que la dose infectieuse de Salmonella Dublin est faible2, votre troupeau court un risque accru d’être infecté si vous êtes voisin d’une ferme ayant un mauvais statut sanitaire4. En veillant à ce que tout l’équipement partagé soit propre et désinfecté avant son utilisation, vous pouvez réduire le risque de contamination de l’équipement par le fumier et empêcher l’introduction de Salmonella Dublin dans votre troupeau.
La biosécurité interne
Étant donné que les veaux de boucherie sont amenés de plusieurs endroits pour être élevés ensemble, la biosécurité interne est indispensable pour maîtriser Salmonella Dublin.
Une biosécurité interne rigoureuse réduit considérablement le risque d’apparition d’un foyer ou de cas récurrents de Salmonella Dublin à la ferme.
Mode de gestion
Pour arriver à maîtriser cette bactérie, plusieurs pratiques indispensables doivent être mises en place :
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1. Mode tout-plein/tout-vide
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2. Isolement des veaux malades
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3. Densité de peuplement appropriée
Nettoyage et désinfection
Le nettoyage et la désinfection sont importants pour réduire la présence de Salmonella Dublin. Plus particulièrement, lorsqu’on utilise le mode tout-plein/tout-vide, où tous les points de contrôle critiques, le logement, l’équipement d’alimentation et toutes les surfaces qui entrent en contact avec le fumier sont nettoyés et désinfectés avant l’arrivée des nouveaux veaux. Quelle que soit la stratégie de gestion, les points de contrôle critiques doivent être désinfectés régulièrement, surtout si l’on considère que Salmonella Dublin peut survivre pendant des mois dans le fumier des bovins et à même le sol, et même des années dans les fèces séchées2. Pour que le processus de désinfection soit efficace, les étables et les enclos à veaux doivent être nettoyés à fond avant l’application du désinfectant5.
Consultez le site calfcare.ca (en anglais seulement) pour obtenir des recommandations sur le nettoyage et la désinfection et collaborez avec votre vétérinaire pour élaborer un protocole convenable !
Les gens
Le personnel peut constituer une voie de transmission de la maladie, notamment s’il porte des combinaisons et des bottes contaminées par le fumier. Par conséquent, toutes les combinaisons et bottes doivent être nettoyées et désinfectées fréquemment afin de prévenir la transmission de Salmonella Dublin. En raison de la nature zoonotique de cette maladie, le personnel doit porter des gants et se laver soigneusement les mains après avoir travaillé avec des veaux. Les veaux doivent être manipulés dans l’ordre suivant : les plus jeunes d’abord, puis les plus âgés, et enfin les veaux malades, à moins qu’ils ne nécessitent une assistance médicale immédiate. Il est essentiel de veiller à ce que l’ensemble du personnel de la ferme qui travaille avec les veaux comprenne pourquoi les pratiques de gestion sont mises en œuvre et participe aux protocoles de biosécurité.
Votre vétérinaire peut être une excellente ressource pour aider le personnel de la ferme à comprendre le « pourquoi » de chaque pratique de gestion et la façon de mettre en œuvre correctement ces pratiques à la ferme.
Messages à retenir
Salmonella Dublin est une bactérie émergente en Ontario qui provoque des maladies importantes lorsqu’elle est introduite dans une ferme. Les veaux de boucherie achetés doivent provenir de fermes laitières ayant un bon statut sanitaire et tous les producteurs de veau doivent pratiquer une biosécurité interne rigoureuse pour réduire le risque d’exposition à Salmonella Dublin.
Collaborez avec votre vétérinaire afin de déterminer la meilleure stratégie pour prévenir ou maîtriser Salmonella Dublin à la ferme.
Pour plus d’informations à ce sujet, consultez les fiches d’information sur Salmonella Dublin à l’adresse www.calfcare.ca (en anglais seulement).
Références
- Damianns B, V Renault, S Sarrazin, et al. 2019. Biosecurity practices in Belgian veal calf farming: Level of implementation, attitudes, strengths, weaknesses and constraints. Prev Vet Med. 172:104768.
- Nielsen, L.R. 2013. Review of pathogenesis and diagnostic methods of immediate relevance for epidemiology and control of Salmonella Dublin in Cattle. Veterinary Microbiology. 162:1-9.
- Nielsen, T.D., A.B. Kudahl, S. Østergaard, and L.R. Nielsen. 2013. Gross margin losses due to Salmonella Dublin infection in Danish dairy cattle herds estimated by simulation modelling. Prev Vet Med. 111:51-62.
- Henderson, K, and C. Mason. Diagnosis and control of Salmonella Dublin in dairy herds. In Practice. 39
- Sockett DC. 2021. Salmonella in dairy calves: Why do outbreaks occur in well managed herds? AABP Recent Graduate Conference Proceedings. 54:66-69.
- Bokma, J, J Dewulf, P Deprez, and B Pardon. 2018. Risk factors for antimicrobial use in food-producing animals: disease prevention and socio-economic factors as the main drivers? Vlaams Diergeneeskundig Tijdschrift. 87:188-200.