Principes généraux de biosécurité
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La biosécurité peut parfois sembler un concept abstrait, mais dans la pratique, c’est un des meilleurs moyens de défense contre l’introduction et la propagation de maladies infectieuses. La biosécurité peut avoir un effet considérable sur la santé des animaux et la réussite financière de votre ferme.
Qu’est-ce que la biosécurité?
La biosécurité est définie comme étant l’application de mesures destinées à réduire le risque d’introduction ou de propagation d’agents pathogènes. Le concept clé de la biosécurité est d’éviter la transmission d’agents pathogènes causant des maladies, que ce soit d’une ferme à l’autre ou au sein de la ferme. L’objectif consiste à empêcher l’agent d’entrer en contact avec un animal sensible (Figure 1).
La biosécurité et l’antibiogouvernance
La forte utilisation d’antimicrobiens et le risque d’antibiorésistance soulignent la nécessité de réduire l’utilisation des antimicrobiens dans la production d’animaux destinés à l’alimentation. La prévention des maladies est l’un des principaux éléments permettant de réduire le besoin de traitements antimicrobiens. Des études ont démontré que l’utilisation de meilleures pratiques de biosécurité réduisait la quantité d’antimicrobiens requis1, notamment lorsque des mesures sont mises en place pour contrôler l’introduction d’agents pathogènes provenant d’une source extérieure.
Pourquoi la biosécurité?
La biosécurité est essentielle pour réaliser les objectifs suivants :
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1. Réduire le risque de transmission de maladies endémiques (maladies régulièrement présentes dans une population animale), économiquement significatives qui limitent la production
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2. Réduire le risque de transmission de maladies animales étrangères et de maladies nouvellement émergentes
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3. Réduire le risque pour les producteurs, leurs familles et leurs travailleurs, ainsi que pour le public
La biosécurité est importante non seulement au niveau de la ferme individuelle, mais aussi à l’échelle régionale ou nationale.
Répercussions à l’échelle de la ferme
La biosécurité est importante pour prévenir l’introduction de nouvelles maladies dans les exploitations et réduire l’effet des maladies qui peuvent y être présentes. Les maladies nouvelles et émergentes à la ferme peuvent entraîner une augmentation de la mortalité, une réduction du bien-être et de la productivité des animaux, ainsi qu’une augmentation des coûts vétérinaires et de la main-d’œuvre.
La mise en œuvre de mesures de biosécurité à la ferme permet de prévenir l’introduction de nouveaux agents pathogènes et de réduire ou d’éliminer les agents pathogènes existants en limitant leur propagation.
La mise en œuvre de pratiques de biosécurité sensées et efficaces ne nécessite pas toujours un investissement important. De simples changements dans la gestion et la planification de la biosécurité peuvent avoir des retombées importantes sur l’amélioration de la santé et de la productivité de la ferme. Par exemple, une réduction de l’utilisation des antimicrobiens peut être associée à la réduction de la pression et de la prévalence des maladies à la ferme.
Retombées au plan provincial ou national
À l’échelle provinciale ou nationale, une bonne biosécurité tout au long de la chaîne de valeur et sur les fermes individuelles est importante pour soutenir la rentabilité et la durabilité du secteur agricole. La protection des exportations canadiennes contre les infections et les maladies est importante pour la santé des humains et des animaux dans les autres pays et pour le maintien de la vigueur des échanges commerciaux.
La peste porcine africaine (PPA) est un virus mortel pour les porcs qui a eu d’énormes répercussions sur la production mondiale de porc. La sécurité alimentaire de diverses nations a été affectée par un dépeuplement important des porcs dans de nombreux pays du monde8. La PPA est un exemple clair des effets dévastateurs que peut avoir une maladie à l’échelle internationale. Comme le Canada est un important producteur de porc, il est essentiel d’empêcher cette maladie d’entrer au pays. En plus de s’assurer que les visiteurs au Canada ne se trouvent pas à apporter le virus avec eux, la prévention de l’entrée de cette maladie dans l’industrie porcine canadienne dépend également d’excellentes pratiques de biosécurité sur nos propres fermes.
Les composantes de la biosécurité
Toute stratégie efficace de gestion des risques liés à la biosécurité se compose généralement de plusieurs éléments différents.
La biosécurité comporte deux composantes principales :
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1. La biosécurité externe :
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2. La biosécurité interne :
La biosécurité externe
Introduction d’animaux
Le plus grand risque d’introduction de nouveaux agents pathogènes dans une ferme survient lors de l’introduction de nouveaux animaux (par exemple, l’achat d’animaux de sources différentes, le retour d’animaux d’une exposition). Il est recommandé de maintenir des troupeaux ou des unités fermées (c’est-à-dire que tous les remplacements sont générés à l’intérieur de la ferme) pour réduire l’entrée de maladies; cependant, cela peut être difficile à réaliser dans certaines industries.
Les exploitations nécessitant l’achat de nouveaux animaux doivent prendre plusieurs mesures essentielles afin de réduire le risque d’introduire un nouvel agent pathogène :
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1. Cibler les achats auprès de troupeaux déjà exempts de maladies infectieuses
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2. Isoler les animaux nouvellement arrivés du reste du troupeau ou de l'unité jusqu'à ce que leur état de santé puisse être évalué
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3. Limiter les contacts avec les animaux voisins, les animaux sauvages ou en liberté
Les gens
Les visiteurs à la ferme (comme les vétérinaires, les conseillers en élevage, les inséminateurs, les pareurs de sabots, les marchands d’aliments) constituent également un risque important à prendre en compte pour l’introduction de maladies. Il a été démontré que l’absence de pratiques de biosécurité à l’entrée des fermes augmentait le risque de contracter la grippe équine3, plusieurs maladies infectieuses chez les bovins laitiers4 et le virus du SRRP chez le porc5.
Vous pouvez réduire le risque d’introduction de maladies en n’autorisant que les visiteurs essentiels à la ferme et en veillant à ce qu’ils portent des vêtements et des chaussures de protection réservés à votre ferme.
Les véhicules et l’équipement
Seuls les véhicules indispensables devraient avoir accès à la ferme. Les fermes peuvent prendre les mesures suivantes pour empêcher l’introduction de nouvelles maladies :
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1. Installer des clôtures aux points d'entrée et sur le périmètre de la ferme pour dissuader l'entrée des véhicules
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2. Établir un point d'entrée et de sortie unique où il faut au moins laver et désinfecter les roues de tous les véhicules
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3. Nettoyer et désinfecter soigneusement tout l’équipement venant d’autres fermes
La biosécurité interne
Mode de gestion
Le flux de production d’une installation peut contribuer à la lutte contre les maladies grâce à la ségrégation des animaux par groupe d’âge et au renforcement du nettoyage et de la désinfection de l’installation avant l’introduction de nouveaux animaux.
Le recours à des systèmes tout-plein/tout-vide contribue à réduire la propagation des agents pathogènes et il a été démontré que cette façon de faire réduisait l’exposition aux maladies et l’utilisation d’antimicrobiens. Étant donné que les animaux plus âgés peuvent être des réservoirs d’agents pathogènes, il est essentiel d’établir une routine de travail où les animaux les plus jeunes et les plus sains sont traités en premier avant de passer aux groupes plus âgés et aux groupes comptant des sujets malades.
Les pratiques de biosécurité pour les différents groupes d’âge des animaux peuvent inclure la désignation d’équipement, de vêtements et de bottes dont l’usage est réservé pour chaque groupe (par exemple, en attribuant des couleurs différentes à chaque zone de la ferme qui reflètent les différents groupes d’âge des animaux). L’utilisation d’un pédiluve avant l’entrée dans la zone de chaque groupe d’âge peut également contribuer à réduire la charge microbienne et servir de rappel de l’importance de la biosécurité dans cette zone.
Nettoyage et désinfection
L’un des éléments les plus élémentaires mais tout de même essentiels de la biosécurité est le nettoyage et la désinfection des zones où sont logés les animaux et des zones de la ferme qui entrent en contact avec les animaux (par exemple, l’équipement d’alimentation, les zones à fort trafic et les zones utilisées pour les différents groupes d’âge).
Pour que le processus soit efficace, il est essentiel de respecter les étapes clés :
- Enlever tous les débris organiques (c’est-à-dire le fumier).
- Laver à l’eau et au savon
- Rincer à l’eau
- Laisser sécher
- Appliquer un désinfectant
Grâce à un tel procédé, on a pu constater une réduction de plusieurs maladies, comme le Streptococcus suis.
Le personnel
Le personnel travaillant à la ferme est responsable de l’application des pratiques de biosécurité. Le personnel de la ferme est un élément clé de l’excellence de la biosécurité interne à la ferme. Il est donc essentiel que le personnel soit formé aux principes de biosécurité et comprenne bien pourquoi des mesures spécifiques sont mises en place.
Le personnel peut également être porteur de maladies et propager des agents pathogènes dans l’établissement. Pour prévenir l’introduction de maladies, il faut inciter le personnel à ne pas travailler dans d’autres fermes d’élevage, ne pas contribuer à la production d’animaux similaires et ne pas visiter d’autres unités d’élevage, des marchés d’animaux, des expositions d’animaux et des abattoirs. Pour prévenir la propagation des maladies au sein de l’établissement, l’utilisation de gants, le lavage des mains, le nettoyage des combinaisons et des bottes et l’utilisation de pédiluves réduiront le risque de transmission des agents pathogènes par le personnel de la ferme.
Cerner des occasions de biosécurité à la ferme
Votre vétérinaire est bien placé et constitue la meilleure ressource pour fournir un retour d’information spécifique sur les possibilités d’améliorer les pratiques de biosécurité de votre ferme.
Outre votre vétérinaire, il existe des éléments de biosécurité spécifiques à chaque industrie de la volaille et du bétail qui peuvent être exigés dans le cadre d’un programme d’assurance de la qualité. Des exemples spécifiques sont énumérés ci-dessous.
Industrie |
Programme d’assurance de la qualité |
Exigences |
Bovins laitiers |
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Bovins de boucherie |
Norme nationale de biosécurité pour les fermes canadiennes de bovins de boucherie |
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Producteurs de poulet |
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Producteurs de porc |
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Références
- Postma, M., A. Bakhans, L. Collineau, et al. 2016. Evaluation of the relationship between the biosecurity status, production parameters
- Robertson, I.D. Disease control, prevention and on-farm biosecurity: The role of veterinary epidemiology. Engineering
- Firestone, SM, FI Lewis, K Schemann, et al. 2013. Understanding the associations between on-farm biosecurity practice and equine influenza infection during the 2007 outbreak in Australia. Prev Vet Med. 110:28-36.
- Schaik, G, YH Schukken, M Nielen, et al. 2002. Probability of and risk factors for introduction of infectious diseases into Dutch SPF dairy farms: a cohort study. Prev Vet Med. 54:279-289.
- Otake, S., SA Dee, KD Rossow, et al. 2002. Transmission of porcine reproductive and respiratory syndrome virus by fomites. Swine Health Prd. 10:59-62
- Moennig, V. 2015. The control of classical swine fever in wild boar. Front Microbiol. 6:1-10.
- Guinat, C, A Gogin, S Blome, et al. 2016. Transmission routes of African swine fever virus to domestic pigs: Current knowledge and future research directions. Vet Rec. 178:262-267.
- Mason-D’Croz, D., JR Bogard, M Herrero, et al. 2020. Modelling the global economic consequences of a major African swine fever outbreak in China. Nature Food. 1:221-228