Section 3 | S’attaquer à la mammite clinique
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Prélèvement d’échantillons aseptiques de lait et culture
La conversation sur l’utilisation responsable des antimicrobiens dans le traitement de la mammite doit être centrée sur l’identification des bactéries. Le fait de savoir quelle bactérie cause la mammite a un impact énorme sur le choix et l’efficacité du traitement.
Prélèvement d’un échantillon de lait aseptique
La référence absolue pour l’identification des bactéries responsables de la mammite est la culture d’échantillons de lait prélevés de façon aseptique. Le prélèvement aseptique signifie s’assurer que le lait est exempt de toute contamination qui pourrait entraîner des erreurs de diagnostic. Il ne s’agit pas seulement du fumier et de la litière qui contaminent le lait. Même en touchant l’intérieur du flacon d’échantillonnage avec votre doigt, vous introduisez dans le lait des bactéries qui n’y auraient pas été autrement. Il faut s’assurer que les bactéries qui se développent dans le milieu de culture sont réellement représentatives de ce qui est présent dans le lait afin de pouvoir choisir le bon traitement.
Les experts de l’Université du Wisconsin donnent une excellente explication sur la façon de prélever un échantillon de lait aseptique. Cliquez sur le lien How to Collect an Aseptic Milk Sample (en anglais).
Attendre les résultats de la culture
Faire preuve de patience est souvent la partie la plus difficile. Une des préoccupations courantes relativement aux cultures de lait est qu’il peut falloir de 24 à 48 heures avant d’avoir des résultats. Beaucoup de producteurs ne sont pas à l’aise de devoir attendre aussi longtemps, car ils estiment qu’une solution est moins probable. La bonne nouvelle, c’est que pour les cas de mammite clinique légère ou modérée, attendre 48 heures pour obtenir les résultats des tests n’affecte pas les taux de guérison comparativement à un traitement immédiat sans culture du lait1, 2.
Plus précisément, d’après les chercheurs, lorsque les producteurs attendent les résultats de la culture (par opposition à traiter immédiatement la mammite) :
- il n’y a aucune différence dans la guérison clinique ou bactériologique de la mammite
- il n’y a aucune différence dans la réinfection ou la récidive de l’infection
- il n’y a aucune différence dans le compte des cellules somatiques (CCS)
- il n’y a aucune différence dans la production de lait quotidienne
- il n’y a aucune différence au plan de la réforme ou de la mortalité
La conclusion : attendre 48 heures pour obtenir les résultats des cultures de lait venant de vaches souffrant de mammite clinique légère ou modérée ne fera pas de mal à la vache. Comme toujours, travaillez avec votre vétérinaire pour déterminer la stratégie de test et de traitement appropriée pour votre troupeau.
Les avantages de faire des cultures de lait avant de traiter les vaches sont énormes :
- Élimine les traitements inutiles
- Économie
- Vous pourriez ne pas avoir besoin d’acheter autant de médicaments
- Moins de lait jeté
- Cela vous aidera, votre vétérinaire et vous, à comprendre les causes profondes de la mammite sur votre ferme
- Vous pourrez mieux concevoir des protocoles de traitement appropriés aux bactéries que vous observez sur votre ferme
- Vous pourrez identifier les vaches pour lesquelles il n’existe aucun traitement et les gérer de manière appropriée (par exemple, les traire en dernier, les réformer au besoin)
Culture négative. Qu’est-ce que ça veut dire?
Concernant les résultats de cultures, un autre élément contrariant pour les producteurs est le résultat redouté : « aucun pathogène bactérien isolé. » En moyenne, 40 % des échantillons qui sont envoyés pour une culture bactérienne ne produisent rien.
40%
Alors comment se fait-il que la vache ait une mammite et qu’il soit impossible de cultiver quoi que ce soit à partir de son lait ?
Il y a plusieurs choses qui peuvent entrer en jeu ici :
- Le système immunitaire de la vache pourrait avoir déjà débarrassé son pis et son lait des bactéries en cause. Bien que les bactéries aient disparu, il peut falloir plusieurs jours pour que le pis guérisse
- Le mode d’excrétion des bactéries a peut-être changé. Certaines bactéries (comme Staphylococcus aureus) sont excrétées de façon intermittente dans le lait. Cela signifie que leur concentration peut fluctuer dans le temps. Si le lait est échantillonné à un point bas de l’excrétion, la culture du lait pourrait ne pas produire de croissance
- Certains micro-organismes ont besoin de milieux de culture spéciaux pour être identifiés. Des micro-organismes comme Mycoplasma bovis ont besoin de conditions de croissance spécifiques qui peuvent ne pas faire partie de certaines procédures normales de diagnostic en laboratoire
- L’échantillon a été prélevé ou stocké de façon inappropriée. L’utilisation excessive d’alcool à l’extrémité des trayons pourrait éliminer les bactéries pendant le prélèvement
Les chercheurs ont étudié comment gérer ces vaches dont les échantillons ne produisent « aucune croissance. » Pour résumer, il ne faut PAS utiliser d’antimicrobiens dans les cas de mammite légère à modérée où il n’y a pas de croissance bactérienne1,2,3. Il n’y a absolument aucun avantage prouvé à utiliser des antimicrobiens s’il n’est pas possible de cultiver les bactéries à partir de l’échantillon. Point final.
Références
- Lago A., Godden S.M., Bey R., Ruegg P.L., Leslie K. The selective treatment of clinical mastitis based on on-farm culture results: I. Effects on antibiotic use, milk withholding time, and short-term clinical and bacteriological outcomes. J. Dairy Sci. 2011;94(9):4441-56.
- Lago A., Godden S.M., Bey R., Ruegg P.L., Leslie K. The selective treatment of clinical mastitis based on on-farm culture results: II. Effects on lactation performance, including clinical mastitis recurrence, somatic cell count, milk production, and cow survival. J. Dairy Sci. 2011;94(9):4457-67.
- McCarron J.L., Keefe G.P., McKenna S.L.B., Dohoo I.R., Poole D.E. Laboratory evaluation of 3M Petrifilms and University of Minnesota Bi-plates as potential on-farm tests for clinical mastitis. J. Dairy Sci. 2009;92(5):2297-305.