Qu'est-ce que la loque américaine?
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Qu'est-ce que la loque américaine et comment est-elle transmise?
La loque américaine
La loque américaine est une des plus importantes maladies bactériennes des abeilles mellifères, causant la dévastation complète des colonies d’abeilles et de graves conséquences économiques. Elle est également responsable de la plus grande part des antimicrobiens utilisés dans ce secteur de production.
La bactérie responsable de la loque américaine a développé une résistance aux antimicrobiens courants utilisés pour prévenir son apparition dans certaines régions du Canada. Bien qu’aucune résistance n’ait été détectée en Ontario, il est important de s’assurer que nous utilisons les antimicrobiens de manière responsable afin de pouvoir conserver leur efficacité pour une utilisation future.
La loque américaine est causée par une bactérie sporulée appelée Paenibacillus larvae qui touche spécifiquement les abeilles mellifères. Il s’agit d’une bactérie très virulente qui peut attaquer n’importe quelle ruche (saine ou fragilisée) et qui se propage de différentes façons :
- Échange de matériel apicole et d’abeilles entre les colonies et les ruchers
- Absence de pratiques de biosécurité chez les apiculteurs
- Commerce et échange d’abeilles et de matériel apicole entre apiculteurs (c’est-à-dire colonies, cadres de couvain), surtout ceux effectués sans les permis nécessaires
- Activités de butinage des abeilles elles-mêmes, qui se mêlent aux colonies et aux exploitations apicoles voisines
Ces spores sont robustes! Les spores produites par les bactéries peuvent survivre dans l’environnement pendant très longtemps (plus de 50 ans). Elles résistent au gel et aux températures élevées. La loque américaine est une maladie qui ne peut pas être traitée, car les spores sont très difficiles à tuer.
La meilleure façon de s'assurer que vos ruches ne sont pas infectées est d'utiliser des pratiques de gestion exemplaires pour limiter l’introduction de l’infection dans vos ruches. La loque américaine peut aussi survenir en raison du statut sanitaire des ruchers voisins.
Comment la loque américaine se déclare-t-elle?
La loque américaine se déclare dans les ruches par l’infection du stade larvaire (en particulier les larves de moins de 24 heures) des abeilles mellifères. Les spores produites par Paenibacillus larvae sont consommées par les larves lorsqu’elles sont nourries par les abeilles nourricières, déclenchant une infection mortelle. De nouvelles spores sont produites en grand nombre dans le corps des larves mourantes (2,5 milliards par larve). Les larves mortes deviennent alors une source de spores qui continuent d’infecter la ruche, car les abeilles adultes répandent les spores partout, tant en tentant de les enlever qu’en nourrissant d’autres larves.
Il y a plusieurs voies par lesquelles la loque américaine peut se propager parmi les ruches ou les colonies d’abeilles grâce à l’activité des abeilles mellifères1 :
- Abeilles voleuses : la présence de la loque américaine dans la ruche la fragilise, la rendant plus vulnérable aux abeilles voleuses. Le pillage se produit lorsque des abeilles envahissantes d’autres colonies volent la récolte de miel d’une autre colonie (soit du même rucher ou d’un rucher voisin). L’abeille voleuse peut par inadvertance ramener dans sa ruche non infectée du miel provenant d’une ruche contaminée par des spores de la loque américaine. Le vol est le mécanisme le plus grave de transmission de la loque américaine par l’activité des abeilles.
- Abeilles à la dérive : cela se produit lorsque des abeilles mellifères de colonies adjacentes entrent par erreur dans une autre colonie. Cela peut entraîner l’introduction de spores dans une ruche non infectée, ou inversement, l’abeille retourne dans sa propre ruche et y introduit des spores.
Dans le cadre de leurs activités normales de butinage, les abeilles parcourent plusieurs kilomètres depuis leur propre ruche (généralement 5 km, distance pouvant atteindre 10 km au besoin). Si vous vous trouvez à proximité d’un rucher infecté, votre ruche pourrait être en danger.
Il est moins probable que des essaims (qui n’ont pas encore établi de colonie avec des rayons à couvain) soient responsables de la propagation de la loque américaine par eux-mêmes, car la plupart ne transportent pas suffisamment de spores pour déclencher une infection.
Les étapes du cycle de vie et de la transmission des bactéries responsables de la loque américaine au sein de la colonie sont décrites ci-dessous1 :
- Les abeilles voleuses reviennent à la ruche avec du miel contaminé de spores de la loque américaine
- Trophallaxie : échange entre abeilles d’aliments contenant des spores
- Les abeilles concierges emmagasinent les aliments contaminés
- Les abeilles nourricières donnent aux larves des aliments contaminés
- Infection des larves par des spores par voie orale
- Germination des spores dans le corps des larves mourantes
- Infection fatale des larves après l’operculation des cellules de couvain, et formation d’écaille de loque américaine (les restes décomposés des larves)
- Les abeilles nettoyeuses distribuent les spores par trophallaxie avec leurs appendices buccaux contaminés, menant ainsi à la répétition du cycle
L’élément humain. Il est plus courant que la loque américaine soit propagée par le transfert de spores résultant de l’intervention humaine. Voici quelques-uns des voies de propagation de la loque américaine par les apiculteurs eux-mêmes :
- Nourrir les colonies avec du pollen contaminé (provenant de sources extérieures ou non irradiées)
- Nourrir les colonies avec du miel contaminé par des spores
- Utiliser des rayons de couvain contaminés (vieux cadres infectés avec des écailles sèches ou rayons de couvain fraîchement infectés avec des abeilles vivantes)
- Utiliser des ruches d’abeilles contaminées
- Pratiquer une biosécurité insuffisante (mauvaise stérilisation du matériel apicole, recours à des gants, des vêtements et de l’équipement réutilisables)
Nous nous sommes entretenus avec le dr Greg Hawkins, un vétérinaire du sud de l’Ontario qui est également propriétaire exploitant d’un rucher commercial. Greg a partagé avec nous ses préoccupations concernant la façon dont la loque américaine est perçue et ses impacts potentiels sur l’industrie ontarienne
Référence :
- Hansen, H., and C.J. Brødsgaard. 1999. American foulbrood: a review of its biology, diagnosis, and control. Bee World. 80:5-23.