Gestions des poussins
Page 08 /
La mortalité survenant au cours de la première semaine de vie, en particulier chez les poussins de chair, est un indicateur de bien-être important et constitue un paramètre courant pour évaluer la qualité des poussins. Cette revue GAMAE se concentre sur les éléments et les facteurs qui sont essentiels à la santé et au rendement des poussins, notamment :
Logement et gestion
Lorsque les poussins arrivent au poulailler, il est important de s’assurer que le bâtiment est bien aménagé pour un bon démarrage. Les poussins passeront d’une vie très étroitement contrôlée et conditionnée au couvoir à une vie plus indépendante au poulailler. Cela signifie qu’il faut assurer une température et une humidité adéquates, une excellente qualité de l’eau et une bonne ventilation, en plus d’assurer un accès facile à la moulée. Avec une période de croissance aussi courte, la santé des poussins dans les 7 jours suivant leur placement peut vraiment préparer le terrain pour leur rendement durant toute la période d’engraissement.
Le nettoyage, la désinfection, le respect des temps d’arrêt entre les groupes ainsi que de rigoureuses pratiques de biosécurité lorsque les poussins sont au poulailler constituent des mesures importantes pour promouvoir la santé néonatale et lutter contre les maladies. Ne manquez pas de consulter les sections de la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie avicole ontarienne dans lesquelles on discute des stratégies de démarrage avec différents membres de l’industrie.
Pour un excellent outil de surveillance de la première semaine de vie des poussins mis au point par l’Université de Montréal, consultez le lien suivant :
Poussin Podium
Gestion de la température et de la ventilation
Les poussins élevés à des températures plus basses et qui ont froid risquent d’avoir un taux de mortalité plus élevé, principalement en raison d’une maladie qu’on appelle le syndrome ascite, qui est une accumulation de liquide dans l’abdomen. Dans certains cas, l’ascite peut ne pas tuer l’oiseau, mais entraîner le rejet à l’usine de transformation.
Qu’est-ce qui est approprié ?
Il est important de veiller à ce que le logement atteigne une température ambiante adéquate (au moins 29,4 °C, avec une litière atteignant 32-34 °C) pour éviter les pertes de chaleur au cours de la première semaine suivant l’arrivée dans l’établissement1. Une ventilation adéquate est également essentielle afin de veiller à ce que les niveaux de CO2 sont le plus bas possible.
Stress dû à la chaleur ?
En cas de stress causé par un excès de chaleur (température corporelle des poussins > 41 °C), il est important de prendre rapidement des mesures correctives, comme augmenter la ventilation et veiller à ce que l’eau soit facilement accessible.
Qu’en est-il de l’humidité?
L’humidité est un élément important de la température et de la ventilation des poulaillers. Le taux d’humidité de l’air ne doit pas dépasser 70 %, et l’humidité de la litière diffère légèrement selon le substrat. Idéalement, il faut environ 50 % pour la paille et 55 % pour les copeaux de bois. La ventilation doit être ajustée au besoin pour atteindre ces valeurs cibles. Cela permettra de maintenir la litière propre et sèche et d’éviter que les poussins ne refroidissent. Des niveaux d’humidité trop faibles entraîneront également la déshydratation des poussins; il faut donc veiller à ce que les poussins disposent d’une quantité suffisante d’eau potable.
Suivi
Surveillez les poussins au moment de leur placement et tous les jours pendant la première semaine afin de contrôler leur répartition dans le poulailler. S’ils sont regroupés, c’est le signe que les poussins ressentent les effets du stress dû au froid ou aux courants d’air. Idéalement, les poussins devraient pouvoir consacrer leur énergie à la croissance et au maintien de leur système immunitaire en développement, et non à tenter de se tenir au chaud. La situation idéale au démarrage est la suivante : ⅓ se reposer, ⅓ socialiser et ⅓ manger et boire.
Gestion et qualité de l’eau
La gestion de l’eau est un élément extrêmement important de l’élevage des poussins. S’assurer que l’eau est propre et exempte de bactéries est une première étape pour éviter que les poussins nouvellement arrivés ne soient exposés à un stress inutile dès leur plus jeune âge. Des niveaux élevés de certains métaux ou minéraux dans l’eau peuvent également avoir un impact sur la santé intestinale.
Que devez-vous surveiller ?
Voici quelques éléments de la qualité de l’eau à surveiller :
- pH : doit être inférieur ou égal à 6
- Chlore libre
- Teneur en fer (des niveaux excessifs peuvent entraîner la formation d’un biofilm)
- Concentration de bactéries
Faites attention au matériel d’abreuvement
Le type d’équipement de distribution d’eau a également son importance. Il a été démontré que les abreuvoirs à tétine munis d’une cuvette d’égouttage étaient associés à une réduction de la mortalité, car la cuvette d’égouttage recueille de l’eau qui est facilement accessible, ce qui empêche la déshydratation. La cuvette d’égouttage évite aussi que l’eau coule dans la litière, ce qui augmenterait l’humidité dans la litière et le poulailler3.
Il est recommandé de nettoyer les conduites d’eau entre les groupes de poussins pour réduire l’accumulation de biofilms et de bactéries, et de les rincer correctement pour éviter que les poussins ne soient exposés à des résidus chimiques. Il faut faire analyser l’eau au moins une fois l’an afin de pouvoir élaborer une stratégie de traitement de l’eau personnalisée qui favorisera un rendement optimal.
N’oubliez pas le placement !
Lors du placement, veillez à ce que les tétines d’abreuvement aient une goutte d’eau visible, que de l’eau fraîche soit fournie et que les tétines soient à la hauteur des yeux. Lorsque vous surveillez les poussins peu après leur placement, le fait de marcher à travers les tétines les aidera à localiser l’eau. Il est recommandé d’installer des bacs à eau temporaires pour que les poussins aient le plus d’accès possible à l’eau au cours des 2 ou 3 premiers jours
Gestion et qualité de la moulée
Après éclosion, le poussin traverse une période de transition importante où il passe d’une source de nutriments fournie par le jaune d’œuf à un régime alimentaire solide externe. L’alimentation précoce du poussin favorise le développement de l’intestin. Elle doit être facilement accessible pour le poussin nouvellement arrivé. Il est donc extrêmement important de s’assurer qu’au moment du placement, la moulée soit placée à un endroit que les poussins peuvent atteindre, car de tous les poussins qui meurent durant la première semaine, beaucoup meurent de faim.
Que devez-vous surveiller ?
Vérifiez le remplissage du jabot d’un groupe de poussins toutes les 24 heures pendant une semaine. Il est également recommandé de servir au moins 65 g (2 jours d’aliments) par poussin. Servir de la nourriture sur du papier ou sur des boîtes en carton placées entre les lignes de moulée et les sources de chaleur aide également les poussins à la localiser facilement et les empêchera de picorer la litière. Lors des visites de contrôle quotidiennes, déplacez les poussins dans le poulailler les aidera à localiser la moulée.
Quantité ET qualité
La qualité de la moulée est également importante, car des carences ou des restrictions nutritionnelles précoces entraîneront un déficit de croissance et une fragilité accrue aux maladies2. Collaborez avec votre nutritionniste pour vous assurer que vos poussins reçoivent une ration bien équilibrée.
Désinfection et biosécurité
Avant l’arrivée des poussins, assurez-vous que tout le fumier du groupe précédent soit enlevé, et que le logement et le matériel soient soigneusement nettoyés et désinfectés pour éviter que la maladie ne se propage entre les groupes d’engraissement.
Un nettoyage en profondeur est essentiel
Au-delà de la zone de production, le matériel, les bottes, les combinaisons et les antichambres doivent également être nettoyés entre les groupes et pendant la période d’hébergement. En outre, si plusieurs bâtiments sont utilisés, le fait de disposer de bottes, de combinaisons et de matériel spécifiques pour chaque poulailler contribuera à réduire la transmission des maladies d’un bâtiment à l’autre.
Les conduites d’eau doivent être nettoyées et rincées à fond entre les groupes. Les visiteurs peuvent également servir de vecteurs de transmission des maladies. Veillez à ce que la biosécurité soit maintenue pour toutes les personnes qui entrent dans le poulailler.
Pour de plus amples renseignements, consultez la section Environnements en santé = oiseaux en santé de la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie avicole ontarienne
Éclosion et reproduction
Le rendement d’un élevage de poulets de chair dépend en grande partie de la qualité des poussins qui sont reçus. Il est essentiel d’avoir des poussins d’un jour vigoureux et en bonne santé pour avoir un troupeau de poulets de chair qui fonctionne efficacement. La qualité du poussin d’un jour dépend de la lignée génétique des reproducteurs, de l’âge et de l’état de santé des reproducteurs, des conditions et de la durée de stockage des œufs, de la désinfection des œufs et des conditions d’incubation. La qualité dépend également des protocoles de gestion de l’élevage des reproducteurs à l’égard de la qualité de la nutrition et des profils de croissance relatifs à la photostimulation4. Examinons ces éléments d’un peu plus près.
Lignée génétique des oiseaux
Il a été démontré que les distinctions entre les différentes souches génétiques de poulets de chair influent sur la mortalité au cours de la première semaine de vie. Les différences de mortalité liées à la souche sont probablement dues à des différences de poids des œufs et d’activité métabolique des embryons, dont on sait qu’elles influencent la qualité des poussins.
Âge et état de santé des sujets reproducteurs
La mortalité de la première semaine est plus élevée chez les jeunes éleveurs comme chez les plus âgés4. L’état de santé des troupeaux d’élevage est également un facteur important qui contribue à la viabilité des poussins. Certaines maladies des troupeaux reproducteurs peuvent avoir une transmission verticale (transmise de la poule au poussin), ou bien la maladie en question diminue la robustesse (fonction immunitaire) de la poule, ce qui entraîne un moins bon développement des œufs. Les œufs importés des États-Unis peuvent également avoir un statut sanitaire de troupeau reproducteur inconnu.
Les défis avec les jeunes reproducteurs
Les jeunes reproducteurs produisent des œufs plus petits avec un jaune plus petit et une coquille épaisse, ce qui entraîne une diminution du poids des poussins vivants et du contenu du sac vitellin. Comme le sac vitellin est riche en gras et en protéines, les poussins des jeunes reproducteurs auront moins d’énergie à leur disposition, ce qui entraîne une viabilité réduite des poussins pendant la première semaine de leur vie. Des ajustements spéciaux pour les poussins des jeunes reproducteurs, au plan de la température, de la hauteur des tétines d’eau et des ingrédients de la moulée, peuvent être nécessaires pour surmonter ce poids plus faible au moment du placement et pour prévenir les maladies et améliorer la croissance.
Les défis avec les reproducteurs plus âgés
Chez les reproducteurs plus âgés, la mortalité plus élevée au cours de la première semaine pourrait être due à des infections du nombril et du sac vitellin. En outre, les poussins des reproducteurs plus âgés éclosent plus tôt, et si les poussins sont laissés sans surveillance et que le temps de collecte des poussins n’est pas ajusté, le risque de déshydratation augmente.
Désinfectants pour les œufs
Les désinfectants sont un élément essentiel de la lutte contre les infections. Si les œufs à couver ne sont pas désinfectés avant l’incubation, une contamination et une croissance bactériennes excessives se produiront, ce qui entraînera une diminution du taux d’éclosion, une réduction de la qualité, de la croissance et du rendement des poussins et une augmentation de la mortalité. Il existe de nombreux désinfectants, y compris des sources naturelles et chimiques, qui permettent de réduire la présence de bactéries sur la coquille de l’œuf8. Collaborez avec votre vétérinaire et vos autres conseillers pour trouver le désinfectant qui conviendra le mieux à votre exploitation, car l’utilisation de différents désinfectants peut entraîner des compromis au plan du rendement et des conséquences.
Durée de stockage des œufs
Des périodes prolongées de stockage des œufs diminuent le taux d’éclosion des œufs, augmentent le temps d’incubation et diminuent la qualité des poussins. La qualité réduite est probablement due à un stress embryonnaire accru, qui endommage l’embryon et diminue le rendement à long terme. Pour réduire l’effet de la durée de stockage, on utilise la technique des « courtes périodes d’incubation pendant le stockage des œufs » ou SPIDES en anglais. Il a été démontré que cette technique permettait de rétablir le taux d’éclosion et la qualité des poussins, en plus d’améliorer la croissance au cours de la première semaine de vie chez les poussins venant d’œufs stockés pendant plus de 7 jours3. La technique SPIDES est généralement administrée à des intervalles de 4 à 6 jours dans le stockage où les œufs sont chauffés à 37,5°C pendant 4 à 6 heures6.
Conditions d’incubation
La température d’incubation des œufs est un facteur important qui influe sur le développement de l’embryon, l’éclosion et le rendement du poussin après l’éclosion. Une température basse de la coquille des œufs (< 36,7°C), surtout pendant la première semaine d’incubation, entraîne un retard dans le développement de l’embryon et une température plus basse du poussin après l’éclosion, ce qui le prédispose à l’hypothermie. Des études ont montré que le maintien d’une température constante de 37,8°C pour la coquille de l’œuf est la méthode qui donne les meilleurs résultats5.
La perte d’eau due à l’évaporation pendant l’incubation peut contribuer à une mortalité embryonnaire plus élevée et à une mauvaise qualité des poussins. L’évaporation de l’eau de l’œuf peut être régulée en changeant l’humidité relative, où une humidité relative plus élevée diminuera la perte d’eau. Pour maintenir le taux d’éclosion et la qualité des poussins, il est important de maintenir la perte d’eau entre 9,7 et 12,7 %7.
Messages à retenir
- L’obtention de poussins d’une qualité optimale commence par la gestion avant l’éclosion. La qualité du poussin d’un jour dépend de divers facteurs, dont la lignée génétique des reproducteurs, l’âge du reproducteur, les conditions et la durée de stockage des œufs et les conditions d’incubation
- Après l’éclosion, le déplacement des poussins dans un environnement propre et désinfecté où ils peuvent avoir facilement accès à l’eau et à la nourriture contribuera à réduire la mortalité au cours de la première semaine de vie
- Collaborez avec votre vétérinaire et vos autres conseillers pour créer un plan visant à réduire le plus possible la mortalité pendant la première semaine de vie et à améliorer la productivité.
Références
- Deaton, J.W., S.L. Branton, J.D. Simmons, et B.D. Lott. 1996. The effect of brooding temperature on broiler performance. Poultry Science. 75:1217-1220.
- Vieira, S.L., et E.T. Moran. 1999. Effects of egg of origin and chick post-hatch nutrition on broiler live performance and meat yields. World’s Poultry Science Journal. 55:125-142.
- Yerpes, M., P. Llonch, et X. Manteca. 2020. Factors associated with cumulative first-week mortality in broiler chicks. Animals. 10:310.
- Yassin, H., A.G.J. Velthuis, M. Boerjan, et J. van Riel. 2009. Field study on broilers’ first week mortality. Poultry Science. 88:798-804.
- Lourens, A., H. van den Brand, R. Meijerhof, et B. Kemp. 2005. Effect of eggshell temperature during incubation on embryo development, hatchability and posthatch development. Poultry Science. 84:914-920.
- Dymond, J., B. Vineyard, A.D. Nicholson, N.A. French, et M.R. Bakst. 2013. Short periods of incubation during egg storage increase hatchability and chick quality in long-stored broiler eggs. Poultry Science. 92:2977-2987.
- van der Pol, C.W., I.A.M. van Roovert-Reijrink, C.M. Maatjens, H. van deb Brand, et R. Molenaar. 2013. Effect of relative humidity during incubation at a set eggshell temperature and brooding temperature posthatch on embryonic mortality and chick quality. Poultry Science. 92:2145-2155.
- Zeweil, H.S., R.E. Rizk, G.M. Bekhet, et M.R. Ahmed. 2015. Comparing the effectiveness of egg disinfectants against bacteria and mitotic indices of developing chick embryos. Journal of Basic and Applied Zoology. 70:1-15.