La gestion des veaux
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Les soins dispensés aux veaux nouveau-nés sont essentiels à leur rendement futur. Il y a plusieurs facteurs critiques à prendre en compte pour prévenir les maladies survenant en début de vie.
Ces facteurs critiques comprennent notamment :
- La gestion des vaches gestantes
- La gestion du vêlage
- La gestion du colostrum
- La propreté du logement et du matériel d’alimentation
- La nutrition
Gestion des vaches gestantes
Une bonne gestion des vaches gestantes, surtout durant dernières semaines avant le vêlage, est indispensable pour assurer la santé des nouveau-nés.
Il existe deux éléments majeurs permettant d’améliorer la santé des veaux :
- La vaccination
- La nutrition
1. La vaccination et l’immunité maternelle
La vaccination des vaches en fin de gestation contribuera à renforcer les anticorps qu’elles produisent et qui sont ensuite transmis au veau par le biais du colostrum. Ceci est important car les veaux dépendent fortement de l’immunité maternelle (les anticorps de la mère qui sont transmis par le biais du colostrum) jusqu’à ce qu’ils commencent à développer leurs propres anticorps avec une exposition ultérieure aux agents pathogènes. Ces anticorps maternels ont un effet protecteur sur les veaux pendant le développement de leur système immunitaire.
Il existe de nombreux vaccins à administrer aux vaches au cours des 3 à 6 semaines précédant le vêlage. Ces vaccins peuvent procurer une protection contre les agents pathogènes les plus courants qui provoquent la diarrhée, comme Escherichia coli, les rotavirus et les coronavirus. Il est important de tenir compte des agents pathogènes auxquels un veau peut être exposé à un stade précoce, par exemple dans l’enclos de vêlage ou lors des premiers allaitements au pis de la mère. Le risque d’exposition aux matières fécales peut être élevé, de sorte que le fait de fournir aux veaux une réponse protectrice contre ces bactéries sera bénéfique pour prévenir les maladies et l’utilisation ultérieure d’antimicrobiens !
Il y a deux étapes clés à retenir ici :
Étape 1 :
- Utiliser un vaccin, en consultation avec le vétérinaire chargé de la santé de votre troupeau, pour améliorer la qualité du colostrum que produisent vos vaches
Étape 2 :
- Élaborer et mettre en œuvre un protocole de gestion du colostrum afin de garantir le transfert des anticorps issus de la vaccination
Consultez votre vétérinaire pour connaître les protocoles de vaccination et de gestion du colostrum qui conviennent le mieux à votre exploitation !
2. Nutrition des vaches gestantes
Il est essentiel de gérer avec soin la ration servie aux vaches avant le vêlage. La suralimentation et la sous-alimentation en énergie et en autres composants de la ration ont des répercussions.
Suralimentation :
Un apport énergétique trop important au cours du dernier trimestre de la gestation entraîne une augmentation de la taille des fœtus. La vache peut devenir surconditionnée, accumulant de la graisse dans la région pelvienne, ce qui peut entraîner des complications au vêlage puisque le passage disponible pour le veau est limité ou restreint.
Sous-alimentation :
Des quantités d’énergie plus faibles dans les derniers stades de la gestation entraînent une diminution du poids du placenta et du fœtus, ainsi qu’une croissance et une taille réduites, en particulier chez les vaches primipares. Les déséquilibres minéraux et vitaminiques, en particulier les carences en iode et en sélénium, peuvent contribuer à des taux de mortalité élevés à la naissance
Collaborez avec votre nutritionniste pour avoir une ration bien équilibrée pour nourrir vos animaux pendant la période précédant le vêlage
Gestion du vêlage
Il y a de nombreux facteurs différents à prendre en compte lorsque le vêlage commence, notamment le moment et la manière d’intervenir pour obtenir le meilleur résultat possible pour le veau.
Le vêlage se déroule en trois étapes. Se familiariser avec les différentes étapes du travail peut aider à reconnaître comment la progression devrait se faire, et peut permettre une intervention plus efficace :
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Étape I :
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Étape II :
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Étape III :
Quand faut-il intervenir?
Une excellente surveillance des vaches qui sont proches du vêlage est essentielle pour garantir que l’intervention est appliquée au moment approprié. Le meilleur moment pour appliquer une intervention est lorsque les vaches sont en travail pendant plus de 70 minutes après l’apparition des pieds ou du sac amniotique à la vulve. Cependant, il est souvent difficile d’identifier le moment exact où les pieds apparaissent. Il est donc nécessaire d’examiner la situation au moment où la vache qui vêle est identifiée pour la première fois.
Plus précisément, une intervention s’impose lors du premier examen si :
- il y a présence d’un liquide brun, rouge ou malodorant
- la langue, les pieds ou la tête sont enflés ou froids
- le veau ne passe pas normalement par la filière pelvienne
- il y a des jumeaux
Si tout est normal au premier examen, continuez à surveiller les progrès pour vous assurer qu’ils se produisent toutes les 30 minutes. En l’absence de progrès, une intervention s’impose.
Comment faut-il intervenir?
La clé d’une intervention réussie consiste à s’assurer que le veau est dans la bonne position et que la filière pelvienne est suffisamment dilatée. Il y a aussi d’autres pratiques importantes à envisager :
La propreté
Nettoyer la vulve au savon pour empêcher les bactéries de pénétrer dans l’utérus, ce qui peut augmenter le risque d’infection (métrite).
La lubrification
Il n’y a jamais trop de lubrifiant !
La traction
N’appliquez pas trop de force ! Cela peut provoquer des blessures graves à la vache et au veau. Une seule personne doit tirer avec une corde (bouclée à deux endroits autour du boulet) et s’assurer, lors de l’utilisation d’un extracteur de veau, que la force appliquée n’est pas excessive.
Collaborez avec votre vétérinaire pour développer un protocole de vêlage destiné à réduire le plus possible les difficultés qui surviennent en raison du processus de vêlage. Ce protocole devrait inclure une réflexion sur la gestion de la douleur, car l’administration d’un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien après un vêlage difficile peut contribuer à améliorer le rendement de la vache et du veau
Gestion du colostrum
Fournir du colostrum aux veaux nouveau-nés est assurément la pratique la plus importante qui soit. Les veaux naissent sans système immunitaire actif et comptent sur l’absorption des immunoglobulines du colostrum de la mère pour les protéger contre les maladies en début de vie.
Veaux laitiers
Pour de plus amples renseignements sur la gestion du colostrum chez les veaux laitiers, consultez la section Pourquoi la gestion du colostrum est-elle aussi importante? de la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie laitière ontarienne. Les pratiques proposées s’appliquent tant aux veaux laitiers mâles que femelles. Elles permettent d’assurer le succès des génisses de remplacement et des mâles destinés au marché du veau et du bœuf.
Dans le cadre de son programme d’assurance de la qualité proAction, l’industrie laitière canadienne exige qu’une quantité suffisante de colostrum de bonne qualité soit servie aux veaux, tant mâles que femelles, pratique qui doit être décrite dans une procédure normalisée (PN).
Veaux de boucherie
Bien que de nombreux principes de gestion du colostrum soient les mêmes pour les veaux de boucherie et les veaux laitiers (c’est-à-dire servir rapidement aux veaux une quantité suffisante de colostrum de haute qualité), il y a quelques différences significatives.
Par exemple, le veau doit :
- Se lever, marcher, trouver les trayons de la mère
- Téter pendant que la mère est debout
La vache doit :
- Produire une quantité suffisante de colostrum avec une teneur élevée d’immunoglobulines
- Avoir des trayons que le veau qui peut saisir
Il est clair qu’il existe de nombreux obstacles uniques à la gestion du colostrum chez les veaux de boucherie, mais ils peuvent être surmontés grâce à plusieurs techniques de gestion :
Reproduction
- Pour garantir qu’un veau vigoureux naisse prêt à téter, il est important de s’assurer que le veau ne connaîtra pas un vêlage difficile. Il est essentiel de choisir un reproducteur capable de produire un veau de taille appropriée afin d’éviter un vêlage difficile
- Une autre considération au moment de la reproduction est de savoir si la conformation des trayons de la vache est adéquate. La conformation des trayons au moment du vêlage est importante car elle influence la capacité du veau à se nourrir de colostrum. Si la conformation des trayons est mauvaise, il faut en prendre note et cette vache de doit plus servir à la reproduction !
Gestion du vêlage
- Les veaux nés d’un vêlage difficile mettront plus de temps à se tenir debout et à téter avec succès. Le lien vache-veau sera également plus faible. Prendre les précautions voulues pour réduire le risque de vêlage difficile grâce aux décisions de reproduction, à la surveillance des vaches sur le point de vêler et à une intervention au bon moment permettra d’améliorer la capacité des veaux à prendre suffisamment de colostrum.
Supervision étroite des veaux nouveau-nés
- Il est impératif de veiller à ce que le veau consomme du colostrum rapidement après la naissance. Il faut vérifier que le veau prenne son premier repas dans les premières heures suivant la naissance (en particulier en cas de vêlage au pâturage par temps froid au début du printemps) ou pour l’aider prendre le trayon de la vache. Il peut être difficile de savoir si le veau a tété, mais recherchez des signes comme le pis mou chez la mère, le flanc enfoncé chez le veau ou l’absence de réflexe de tétée chez le veau. Si vous avez de la difficulté à amener le veau à téter la vache, essayez de lui donner un substitut de colostrum ou du colostrum emmagasiné. Les veaux de boucherie doivent recevoir 2 litres de colostrum s’ils ne semblent pas avoir tété la mère dans les 6 heures suivant la naissance.
Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins de boucherie du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage précise les recommandations relatives au colostrum à service aux veaux de boucherie.
Les producteurs de viande bovine peuvent bénéficier de l’élaboration d’un protocole, en consultation avec leur vétérinaire, pour surveiller la prise de colostrum chez les veaux nouveau-nés et la supplémentation chez les veaux qui n’ont pas tété immédiatement après la naissance
Propreté du logement et du matériel d’alimentation
La propreté est un élément essentiel de la gestion des veaux nouveau-nés. Les veaux sont très sensibles aux infections au début de leur vie; c’est pourquoi il est essentiel que des pratiques de gestion soient mises en place pour réduire le plus possible le contact avec les agents pathogènes afin de prévenir les maladies.
Logement
- Aire de vêlage : C’est la première zone avec laquelle les veaux entrent en contact. En veillant à ce que cette zone soit propre, exempte de fumier et bien garnie de litière, on peut grandement contribuer à limiter l’introduction de bactéries ou d’autres agents pathogènes par la bouche ou l’ombilic du veau
- Logement des veaux après la naissance : Que les veaux soient logés avec leur mère au pâturage ou à l’intérieur dans un enclos collectif, il est important de veiller à réduire le plus possible l’accumulation de fumier. Les veaux plus âgés et les vaches peuvent être une source d’agents pathogènes par leur fumier, de sorte qu’un environnement propre peut prévenir d’éventuelles maladies
Matériel d’alimentation
Ce facteur est plus important pour les veaux laitiers et les veaux de boucherie, mais l’équipement d’alimentation peut être une source importante de contamination bactérienne pour tous les veaux.
Veillez à ce que tout le matériel soit bien nettoyé, ce qui signifie :
- rincer une première fois à l’eau chaude
- faire tremper dans de l’eau chaude avec du détergent
- frotter avec du savon et une brosse
- rincer à nouveau à l’eau chaude
- laisser sécher
Nutrition
Une nutrition abondante est essentielle pour que le veau dispose de suffisamment de ressources pour grandir, se thermoréguler (chauffer et refroidir son corps), combattre les infections et avoir une bonne réponse immunitaire. Pour les veaux laitiers, cela signifie leur servir de 8 à 12 litres de lait par jour, tandis que pour les veaux de boucherie, il s’agit de s’assurer que les veaux tètent bien leur mère. Une bonne alimentation contribue à protéger les veaux contre les maladies et à assurer leur croissance. Collaborez avec votre vétérinaire et votre nutritionniste pour veiller à ce que vos veaux reçoivent l’énergie dont ils ont besoin pour s’épanouir !
Que vous travailliez avec des veaux de boucherie ou des veaux laitiers, veillez à utiliser un processus de sevrage graduel (par exemple, réduction sur 1 à 2 semaines dans les exploitations laitières, recours au sevrage nez à nez ou de dispositifs QuietWean – qui empêche le veau de téter – dans les exploitations de veaux de boucherie) et assurez-vous que les veaux consomment suffisamment d’aliments de démarrage ou de céréales avant de supprimer complètement l’accès aux aliments liquides. Pour de plus amples renseignements, consultez la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie ontarienne du bœuf, y compris la section Pratiques de sevrage.
Messages à retenir
- La gestion des veaux commence avant même leur naissance avec la fourniture d’une ration équilibrée aux vaches gestantes
- Lorsque le vêlage a lieu, il est important d’intervenir de manière adéquate au besoin, avec la stratégie voulue pour éviter les conséquences qui résulteraient d’un vêlage difficile
- Après le vêlage, servir rapidement du colostrum en quantité suffisante après la naissance et une alimentation abondante permet d’obtenir un veau en bonne santé
- Collaborez avec votre vétérinaire et vos autres conseillers afin d’établir les stratégies qui vont assurer le succès des nouveau-nés