Section 4 | Stratégies de prévention de la coccidiose

Volaille

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Médicaments anticoccidiens

La coccidiose chez la volaille est traditionnellement contrôlée à l’aide d’anticoccidiens. Ces médicaments ciblent des stades spécifiques du développement du parasite dans le but de prévenir l’apparition de la maladie subclinique et clinique. Les anticoccidiens peuvent avoir un effet coccidiostatique (qui stoppe le développement d’Eimeria), un effet coccidiocide (où Eimeria est détruit dans l’intestin) ou les deux. L’utilisation de ces médicaments a été privilégiée à titre de mesure préventive, puisqu’une fois que les signes cliniques se manifestent, il est trop tard pour prévenir les conséquences de cette maladie.

 

Plusieurs types d’anticoccidiens sont utilisés dans l’industrie avicole, entre autres :

Les ionophores

  • Ils sont obtenus par fermentation et ont un effet coccidiostatique et coccidiocide
  • Des exemples incluent monensin et lasalocide

Les produits chimiques

  • Composés synthétiques produits au moyen de procédés chimiques
  • Non ionophores
  • Des exemples incluent décoquinate et amprolium

La résistance est aussi applicable aux anticoccidiens

Fait non étonnant, l’utilisation continue de ces médicaments a mené au développement d’une résistance chez le parasite. Certaines raisons expliquant cette résistance incluent:

 

  • Un mélange inadéquat des médicaments
  • Des doses insuffisantes
  • L’utilisation des mêmes anticoccidiens sur une période prolongée
  • La fréquence et le moment de l’administration des traitements

 

Les médicaments anticoccidiens ne sont pas utilisés pour combattre des bactéries; ils sont utilisés pour combattre Eimeria, un protozoaire parasite. Vous pouvez en apprendre davantage au sujet d’Eimeria ici.

Les anticoccidiens sont souvent regroupés dans la même catégorie que les antimicrobiens. Cependant, il est important de comprendre que le « microbe » qu’ils sont conçus pour détruire peut développer une résistance à ces médicaments, comme c’est le cas avec les antibiotiques. C’est pourquoi nous devons nous assurer d’utiliser ces médicaments de façon prudente et de bien les différencier. Poultry Health Today a d’ailleurs créé une ressource pour aider à différencier les ionophores des antimicrobiens et à comprendre pourquoi il est important de faire la distinction entre les deux : The case for ionophores: How they’re different from other antibiotics — and why it matters (en anglais).

 

Alors, comment pouvons-nous utiliser les anticoccidiens efficacement?

Pour combattre la résistance, il est suggéré de veiller à ce que la bonne dose soit administrée et à ce que les médicaments soient bien mélangés. La clé est d’utiliser le bon médicament, à la bonne dose, pour la bonne maladie.

Travaillez avec votre vétérinaire et vos fournisseurs de service afin d’établir un protocole qui fonctionne pour vous et votre troupeau!

De plus, pour réduire davantage le développement d’une résistance aux anticoccidiens, ces médicaments peuvent être utilisés dans le cadre de deux types de programmes et être d’une grande efficacité pour traiter et prévenir la coccidiose2 :

Programmes d’alternance

Dans ce type de programme, deux médicaments ayant différents modes d’action sont utilisés successivement dans différents aliments offerts à un seul troupeau. Un programme d’alternance inclut l’utilisation d’un vaccin contre les coccidies au couvoir, suivie de l’utilisation d’un anticoccidien non ionophore dans les aliments environ deux semaines plus tard.

 

Le moment de la vaccination est la clé! Les oocystes du vaccin doivent circuler dans l’organisme assez longtemps pour que celui-ci les reconnaisse et développe une réponse immunitaire. Par conséquent, si le traitement de suivi administré dans les aliments est donné trop rapidement, les oocystes bénéfiques seront détruits!

Programmes de rotation

Dans le cas des programmes de rotation, des médicaments ayant différents modes d’action sont utilisés dans des troupeaux successifs afin d’empêcher le parasite de vaincre le mode d’action du médicament et de se lier aux cellules de l’intestin.

La règle du pouce est qu’une rotation des médicaments devrait s’effectuer environ aux 4 à 6 mois. Dans les fermes qui produisent de plus petits oiseaux, il pourrait être nécessaire d’effectuer une rotation plus souvent, puisque le nombre de troupeaux qui passeront dans votre poulailler sera plus élevé.

Par ailleurs, ce programme peut contribuer à prolonger l’utilité de médicaments auxquels il est plus facile de développer une résistance et à prévenir la résistance.

 

Quels sont les autres outils à votre disposition?

Bien que les programmes d’alternance et de rotation aient ralenti le développement de la résistance, de nouvelles approches sont nécessaires pour contrôler la coccidiose et assurer la durabilité de l’industrie avicole.

 

Il faut veiller à faire une utilisation prudente des médicaments non ionophores, puisque ces produits sont la seule option à la disposition des troupeaux élevés sans antibiotiques.

 

Le nombre d’outils à la disposition de l’industrie avicole pour combattre la coccidiose est limité. Il est donc d’une importance capitale de bien les utiliser afin qu’ils continuent à être efficaces. The Poultry Site a créé une ressource vidéo qui souligne l’importance d’une rotation prudente des anticoccidiens et qui présente des facteurs de gestion qui peuvent réduire considérablement l’exposition des oiseaux en vue de prévenir les maladies : Managing anticoccidials:‘It’s how you use them that’s important’ (en anglais). Poultry Health Today a pour sa part affiché dans son site une vidéo et un article intéressants qui présentent les programmes d’alternance biologique et qui soulignent l’importance d’administrer au bon moment les médicaments et vaccins anticoccidiens afin de maximiser leur efficacité et de minimiser le risque de développement d’une résistance. Cette ressource se trouve ici : Coccidiosis control: Keys to success with a bioshuttle program (en anglais).

Travaillez avec votre vétérinaire et vos fournisseurs de service afin d’établir un protocole qui fonctionne pour vous et votre troupeau!

Références

  1. Jordan, B., G. Albanese, and L. Tensa. 2020. Coccidiosis in Chickens (Gallus gallus). Taylor & Francis Group, Boca Raton, FL, USA.
  2. Chapman, H.D. 2018. Applied strategies for the control of coccidiosis in poultry. CAB Reviews. 13.