Section 3 | Un aperçu de la coccidiose

Volaille

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Qu’est-ce qui cause la coccidiose : facteurs de risque

Comme c’est le cas pour l’entérite nécrotique, c’est une combinaison de facteurs liés à l’hôte (p. ex. l’oiseau), à l’agent pathogène (p. ex. Eimeria) et à l’environnement (le poulailler) qui cause la coccidiose. Cette combinaison de facteurs s’appelle la triade épidémiologique. Lorsque tous les facteurs s’unissent d’une certaine façon (typiquement lorsque les effets de l’agent pathogène et de l’environnement submergent le système immunitaire de l’hôte), une maladie se manifeste (comme le montre la figure ci-dessous).

Figure : La triade épidémiologique

Pour combattre la coccidiose, vous devez comprendre chaque facteur. Avec ces connaissances, vous pourrez évaluer votre gestion et votre environnement, et prévenir cette maladie.

 

Facteurs liés aux agents pathogènes : qu’est-ce que ce parasite a de particulier?

Les coccidies sont présentes partout dans le monde, et plusieurs espèces d’Eimeria causent des maladies chez les oiseaux domestiques et destinés à l’alimentation. Les principales espèces de coccidies sont Eimeria necatrix et Eimeria tenella, puisqu’elles sont les plus infectieuses. La présence d’Eimeria peut également jouer un rôle dans la perturbation du microbiote intestinal, rendant les oiseaux plus susceptibles à l’entérite nécrotique. Pour de plus amples renseignements sur l’entérite nécrotique et les facteurs liés aux agents pathogènes, consultez la page suivante dans la revue GAMAE.

 

Cycle biologique d’Eimeria

Même s’il y a différentes espèces d’Eimeria, toutes celles qui infectent la volaille présentent un cycle biologique similaire (comme le montre la figure ci-dessous). Eimeria est excrétée dans les fèces d’un poulet infecté et est capable de survivre dans l’environnement pendant une longue période. Lorsqu’elle est exposée à l’air, à l’humidité et à la chaleur, Eimeria commence à se développer pour atteindre un stade infectieux, stade auquel elle causera des dommages si elle est ingérée par un poulet. Lorsque ces parasites microscopiques transitent dans l’intestin grêle, ils sont digérés par des enzymes qui permettent à Eimeria de changer sa structure afin d’envahir la paroi cellulaire de l’intestin, où Eimeria commencera à se multiplier. À la fin du stade de multiplication, Eimeria sera excrétée dans les fèces, et le cycle recommencera encore et encore. Ultimement, cela causera des dommages importants à la paroi cellulaire de l’intestin et mènera à l’apparition de certains des signes cliniques classiques de la coccidiose2. De plus, ce processus infectieux peut être très rapide : la durée entre l’infection et la fin du cycle biologique est en effet de 4 à 7 jours.

Comme pour toutes les maladies infectieuses, plus un pathogène est présent (c’est-à-dire que plus il y a d’animaux qui l’excrètent dans leurs fèces), plus il y a d’occasions pour les animaux d’ingérer un oocyste et de devenir infectés.

 

 

Figure : Le cycle biologique d’Eimeria chez les poulets2

 

Pour une vidéo expliquant le cycle biologique d’Eimeria, consultez le lien suivant (en anglais) :
Eimeria Biological Cycle: an example of perfect complexity in biology

Facteurs liés à l’hôte : le rôle du poulet

Âge

Les oiseaux de tous âges sont susceptibles de développer la coccidiose; cependant, les jeunes oiseaux sont plus susceptibles aux infections que les plus vieux, chez qui la maladie guérit vers l’âge de 6 à 8 semaines5. Le système immunitaire des plus jeunes oiseaux n’est pas encore pleinement développé. Par conséquent, il peut facilement être submergé lorsque les conditions environnementales sont propices à la propagation d’Eimeria, ce qui accroît le risque d’infection.

 

La santé des poussins lors du placement peut être un facteur déterminant de la santé et du rendement de votre troupeau. Regardez cette vidéo fondée sur la recherche créée par la Dre Martine Bouilianne de l’Université de Montréal :
La méthode de démarrage du Poussin Podium

Génétique

Comme on l’observe pour l’entérite nécrotique, certaines variétés génétiques d’oiseaux présentent une résistance à Eimeria, puisque leur système immunitaire est plus apte à combattre l’infection. Les poules pondeuses sont également plus susceptibles à la coccidiose que les poulets à griller. À cet égard, davantage de recherche et de connaissances sont requises pour développer des variétés d’oiseaux commerciales, et cette avenue est explorée dans le but de réduire le fardeau de la coccidiose6.

 

Autres maladies

Les maladies qui entraînent la suppression du système immunitaire peuvent également accroître le risque de développer une maladie clinique causée par la coccidiose. Plus particulièrement, le virus de la maladie de Marek et le virus de la bursite infectieuse augmenteront la susceptibilité des oiseaux à Eimeria. Ces animaux pourraient ainsi ne pas être en mesure de maintenir un bon rendement ni de se défendre contre ces pathogènes.

Découvrez certaines des nouvelles technologies qui pourraient contribuer à optimiser et à maximiser le système immunitaire des oiseaux afin de les aider à se protéger contre les pathogènes nuisibles.

Facteurs environnementaux : les facteurs externes

Logement

Eimeria est un parasite que l’on retrouve couramment dans l’environnement, qui se propage facilement dans le poulailler et qui possède une grande capacité à se multiplier. Pour ces raisons, il est extrêmement difficile de prévenir l’exposition des poulets à Eimeria. Il est donc très important de nettoyer toute la litière entre les groupes, de désinfecter, de laisser l’environnement sécher et d’installer de la litière fraîche dans le logement avant de placer un nouveau troupeau d’oiseau3. Les systèmes d’alimentation et d’abreuvement qui sont plus difficiles à nettoyer sont aussi associés à un risque accru de coccidiose4. Par ailleurs, il est essentiel de veiller à ce que la litière soit sèche, puisqu’un taux d’humidité élevé augmentera le nombre de parasites Eimeria infectieux7.

 

Demandez aux experts :

Les experts canadiens sont tous d’accord : il ne faut pas raccourcir la période de vide sanitaire! Prévoir une période d’environ 2 à 3 semaines entre les troupeaux d’oiseaux entraînera une réduction significative de l’utilisation des antimicrobiens, et par conséquent de la résistance. La réduction de la période de vide sanitaire pourrait vous permettre de produire quelques oiseaux de plus par année, mais à quel prix? Pensez à ce qui se produirait si des poussins ayant un système immunitaire naïf étaient exposés à la flore microbienne des oiseaux plus âgés. Quel serait l’impact sur eux et sur leur santé?

Un autre élément important à ne pas négliger est la biosécurité entre les poulaillers situés sur le même site. Il peut sembler peu pratique de changer de vêtements entre les poulaillers (par exemple si des oiseaux ont été placés dans plusieurs poulaillers en peu de temps), mais ne pas changer de vêtements pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Assurez-vous aussi de ne pas laisser entrer d’organismes nuisibles et de garder ceux qui sont déjà présents à l’intérieur et loin de vos autres oiseaux.

 

Il est important que le personnel qui travaille à la ferme applique les mesures de biosécurité. Les vêtements et les bottes, les gants jetables et l’équipement de protection individuelle devraient être nettoyés ou changés régulièrement, et aucun équipement ne devrait être partagé entre les installations afin de limiter la propagation de ce pathogène3,4.

 

 

Pour plus d’information sur les pratiques recommandées pour appliquer, améliorer et maintenir de bonnes pratiques de biosécurité dans votre ferme, consultez ce document :
Norme nationale de biosécurité pour les fermes avicoles

 

En considérant le modèle de la triade épidémiologique (hôte, agent pathogène, environnement), on peut comprendre que l’environnement joue un rôle dans la capacité d’Eimeria à se propager et à infecter les animaux. En réduisant le nombre d’oocystes dans l’environnement, les oiseaux seront moins susceptibles d’en ingérer, et le pathogène aura ainsi moins d’occasions d’infecter un animal.

Nutrition

La nutrition offerte aux oiseaux est un autre facteur qui peut contribuer à leur susceptibilité à la coccidiose. Plus particulièrement, les facteurs nutritionnels suivants ont été associés à un risque plus élevé de coccidiose7 :

  • Alimentation plus élevée en protéines brutes
  • Alimentation à base de blé

Il a également été montré que l’ajout de certains minéraux et vitamines, par exemple la vitamine A, la vitamine E et le sélénium, accroît la réponse immunitaire de la volaille et sa résistance à la coccidiose7.

 

Demandez à un expert :

Nous avons parlé à une vétérinaire canadienne qui travaille à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement. En matière de nutrition, elle recommande aux producteurs de donner à leurs oiseaux une alimentation faible en protéines et en énergie, tout en veillant à ce que leurs aliments contiennent des sources de protéines hautement digestibles (à titre d’exemple, la farine de plumes est une source de protéines dont la digestibilité est faible).

Le gain moyen quotidien est l’un des paramètres de la production avicole sur lequel les producteurs peuvent avoir un impact. Il a d’ailleurs été recommandé aux producteurs de ne pas tenter de générer une croissance trop rapide. En effet, cela peut prédisposer les oiseaux à une mauvaise santé intestinale et mener ainsi à des maladies telles que la coccidiose et l’entérite nécrotique. En bref, expédier les oiseaux à l’usine de transformation quelques jours plus tard en raison d’une croissance plus lente peut réduire les coûts associés aux traitements et les pertes de rendement. Tous les coûts additionnels, par exemple pour les aliments et l’électricité, seront compensés par la réduction des coûts de traitements, des frais de vétérinaire et des pertes de rendement.

Références

  1. Nesse, L.L., A.M. Bakke, T. Eggen, K. Hotel, M. Kaldhusdal, E. Ringo, S.P. Yasdankhah, E.J. Lock, R.E. Olsen, R. Ornsrud, and A. Krogdahl. 2019. The risk of development of antimicrobial resistance with the use of coccidiostats in poultry diets. European Journal of Nutrition and Food Safety. 11:40-43.
  2. Burrell, A., F.M. Tomley, S. Vaughan, and V. Marugan-Hernandez. 2020. Life cycle stages, specific organelles and invasion mechanisms of Eimeria species. Parasitology. 147:263-278.
  3. Allen, P.C., and R.H. Fetterer. 2002. Recent advances in biology and immunobiology of Eimeria species and in diagnosis and control of infection with these coccidian parasites of poultry. Clin Microbiol Rev. 15:58-65.
  4. Graat, E.A.M., E. van der Kooij, K. Frankena, A.M. Henken, J.F.M. Smeets, and M.T.J. Hekerman. 1998. Quantifying risk factors of coccidiosis in broilers using on-farm data based on a veterinary practice. Prev Vet Med. 33:297-308.
  5. Dalloul, R.A., and H.S. Lillehoj. 2006. Poultry coccidiosis: recent advancements in control measures and vaccine development. Expert Rev Vaccines. 5:143-163.
  6. Smith, A.L., P. Hesketh, A. Archer, and M.W. Shirley. 2002. Antigenic diversity in Eimeria maxima and the influence of host genetics and immunization schedule on cross-protective immunity. Infection and Immunity. 70:2472-2479.
  7. Williams, R.B. 2010. Intercurrent coccidiosis and necrotic enteritis of chickens: rational, integrated disease management by maintenance of gut integrity. Avian Pathology. 34:159-180.