Section 2 | Résistance aux anthelminthiques chez les moutons et les chèvres

Industrie ovine et caprine

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Identifier les infections parasitaires gastro-intestinales dans votre troupeau

En plus des signes cliniques énumérés à la page ‘Aperçu des nématodes gastro-intestinaux’ (NGI), il existe plusieurs façons d’identifier les NGI dans votre troupeau.

 

Compte d’œufs dans les fèces

Le diagnostic du parasitisme par les NGI se fait en prélevant des échantillons de fumier venant des animaux qui paissent dans les pâturages et en examinant les fèces au microscope pour déterminer si des œufs sont présents.

 

Les analyses de fèces ont plusieurs objectifs :

  • Évaluation de la charge parasitaire pour décider si un traitement est justifié
  • Détection et surveillance des infections chez les animaux d’apparence saine et établissement d’un diagnostic chez les animaux malades
  • Choix du meilleur médicament qui cible le parasite spécifique présent
  • Évaluation de l’efficacité d’un traitement
    • Prélever un échantillon avant le traitement et un autre à un moment prédéterminé après le traitement

 

Malheureusement, le compte d’œufs dans les fèces a ses limites. Les comptes sont fortement influencés par la saison à laquelle les échantillons ont été prélevés, ainsi que par l’espèce de parasite que l’on soupçonne d’être présente. D’autres outils peuvent être utiles pour diagnostiquer le parasitisme gastro-intestinal, dont notamment le système de vérification en cinq points.

 

Le système de vérification en cinq points

La vérification en cinq points est un moyen systématique d’examiner et d’évaluer les signes qui sont présents lorsqu’un parasite affecte une espèce de petit ruminant. Elle consiste à surveiller le nez, les yeux, la mâchoire, le dos ou l’état de chair dessus et la queue de manière systématique afin d’identifier les animaux pouvant nécessiter un traitement ciblé avec un anthelminthique1.

Figure : le système de vérification en cinq points1

Le museau (écoulement nasal)

Bien que ce ne soit pas un signe clinique toujours indicatif d’une infection à GIN, l’écoulement nasal pourrait indiquer une infection par d’autres parasites comme les œstres du mouton ou Oestrus ovis. Ce n’est pas un signe qui est spécifique aux parasites. Il pourrait également être présent en cas de maladie respiratoire ou de pneumonie. Il est donc important d’écarter d’autres causes avant de traiter des animaux ne présentant que des signes d’écoulement nasal.

 

Les yeux (anémie) – grille d’évaluation FAMACHA

Dans le cas de l’Haemonchus (strongle rouge ou ver rouge de l’estomac), l’anémie constitue un indicateur incroyablement important de sa présence – le mouton ou la chèvre sera pâle, léthargique et faible à cause de la perte de sang. Ce phénomène peut être surveillé à l’aide de la grille d’évaluation FAMACHA, où chaque animal est noté en fonction de l’apparence de ses muqueuses oculaires (les parties charnues des paupières intérieures) toutes les 2 ou 3 semaines. On procède normalement ainsi lorsque l’Haemonchus constitue un problème pour le troupeau. La grille d’évaluation FAMACHA peut être envoyée aux producteurs après qu’ils aient suivi un module de formation en ligne.

Pour plus de renseignements, visitez le site des Ontario Sheep (en anglais).

Il permet une approche de vermifugation ciblant uniquement les animaux atteints par Haemonchus. Les animaux qui ont un score de 1 et 2 ne nécessitent pas de traitement, tandis que ceux qui ont un score de 3 doivent être suivis de près. Si un animal obtient un score de 4 ou 5, il doit être traité immédiatement avec un anthelminthique, car il est cliniquement anémique2.

 

La mâchoire (enflure)

La plupart des NGI parasites se nourrissent de protéines. Dans les infections graves, les niveaux de protéines peuvent tomber à des niveaux très bas. Lorsque les niveaux de protéines sont faibles, du liquide des vaisseaux sanguins se répand et s’accumule sous la peau, produisant un œdème appelé « la maladie de la mâchoire. » Ce signe clinique indique la présence d’une maladie avancée et d’une lourde charge de vers.

 

Le dos (état de chair)

Lorsque les animaux font partie d’un groupe qui se trouve au même stade de production, ils doivent avoir un état de chair similaire. On suppose que l’état de chair reflète le niveau de nutrition, l’efficacité et la conversion alimentaire, ainsi que les contraintes imposées à l’animal en fonction de son stade de production, comme la croissance, la gestation ou la lactation. Cela dit, si l’évaluation de l’état de chair varie de plus d’une unité au sein d’un groupe particulier, il peut y avoir une maladie chronique en jeu dans le groupe (par exemple, le parasitisme gastro-intestinal). Les groupes doivent être relativement uniformes, étant donné qu’ils sont gérés de la même manière.

Il y a une longue liste de facteurs qui pourraient avoir une incidence sur la détérioration de l’état de chair entraînant des écarts. Ces facteurs additionnels (par exemple, mauvais pâturage, coccidiose, pneumonie, paratuberculose) doivent également être évalués. Il importe de collaborer avec votre vétérinaire afin d’écarter ou d’éliminer les différentes causes pouvant expliquer les écarts observés au sein des groupes de production.

 

La queue (évaluation de la contamination fécale) dans les troupeaux de moutons

Certaines infections parasitaires provoquent des diarrhées. L’évaluation de la contamination de la laine de l’arrière-train par les fèces est un moyen d’évaluer objectivement le nombre d’animaux de votre troupeau qui ont la diarrhée. Lorsque les animaux ont la diarrhée, les fèces s’accrochent à la laine. Les animaux chez qui on observe cette forme de contamination fécale de la laine entourant la queue et l’arrière-train risquent de développer des myiases, où les mouches pondent des œufs sur la peau ou la laine contaminée par les excréments. Ces œufs éclosent et deviennent des vers qui peuvent infecter la peau et la laine de la zone touchée.

Comme pour certains des autres signes de la vérification en cinq points, d’autres facteurs peuvent influencer la consistance fécale des animaux, notamment le régime alimentaire, le stress et d’autres agents pathogènes.

 

Dernière remarque sur le diagnostic des NGI

La vérification en cinq points et le compte des œufs dans les fèces sont des exemples de moyens de déterminer si votre troupeau est touché par le parasitisme. Collaborez avec votre vétérinaire pour déterminer la meilleure stratégie de gestion du risque associé aux parasites dans votre troupeau et procédez à la vermifugation stratégique afin de préserver l’efficacité des médicaments vermifuges pour une utilisation future.

 

Références

  1. Bath, G.F., and J.A. van Wyk. 2009. The Five Point Check for targeted selective treatment of internal parasites in small ruminants. Small Ruminant Research. 86:6-13.
  2. Fleming, S.A., T. Craig, R.M. Kaplan, J.E. Miller, C. Navarre, and M. Rings. 2006. Anthelmintic resistance of gastrointestinal parasites in small ruminants. J. Vet. Intern.
    Med. 20:435-444.